Par John Lian (Own work) [CC BY-SA 4.0], via Wikimedia Commons
Un flux de travail moderne et une augmentation des effectifs aident Montréal à lutter contre l’agrile du frêne
Le client : La ville de Montréal
La ville de Montréal est reconnue pour ses paysages. Plus de 200 000 frênes composent près de la moitié du paysage arboré de la ville, dont le quart (soit 50 000 arbres) se trouve sur des terrains publics. Avec leur forme iconique et traditionnelle, les frênes ressemblent à de gros bouquets de brocoli.
La division des ressources forestières de la ville a pour mission de protéger, gérer et développer les espaces verts de la ville. C’est donc avec fierté qu’elle s’investit dans la préservation de ses frênes pour l’industrie du tourisme et les parcs, dont le mont Royal, une des dix collines montérégiennes, dominant la ville.
C’est pourquoi la découverte de l’agrile du frêne en 2011 fût catastrophique.
Le problème : Éviter l’abattage de 50 000 frênes
Par le département de l’agriculture des É-U (emerald ash borer 3) [CC BY 2.0 or Public domain], via Wikimedia Commons
Il est malheureusement impossible d’éradiquer l’agrile du frêne.
« Nous n’avons pas la capacité d’éradiquer l’agrile du frêne » nous dit Daniel Pilote, inspecteur de la division de foresterie de Montréal. « La seule chose que nous pouvons faire c’est de traiter les arbres en santé pour ralentir l’infestation, couper ceux qui sont trop affectés et d’étaler les coupes sur quelques années. »
Faisant face à l’abattage de 50 000 frênes, Montréal se devait de chercher une alternative. La ville a donc choisi de reboiser. Ce qui signifie abattre les arbres qui sont les plus atteints et les remplacer par de jeunes arbres résistants aux insectes.
Cela veut aussi dire traiter des dizaines de milliers d’arbres non marqués pour le reboisement.
Le traitement se fait au moyen de TreeAzin, un pesticide légal qui atténue la propagation et le taux de mortalité des frênes causés par l’agrile du frêne. L’efficacité d’une seule dose de TreeAzin est de deux ans. Ce qui veut dire que peu à peu, Montréal pourrait reboiser sa population entière de frênes, à condition qu’elle puisse traiter 25 000 arbres par année.
Il n’y avait qu’un problème… le flux de travail de la ville ne permettait de traiter que 500 arbres par année.
Les enjeux : L’ancienne technologie ralentit le traitement des arbres et provoque des erreurs coûteuses
Par Guilhem Vellut de Paris, France (Beaver Lake @ Mount Royal @ Montreal) [CC BY 2.0], via Wikimedia Commons
Immédiatement, d’autres problèmes ont surgi.
Premièrement, le processus prenait beaucoup de temps. Au rythme de 500 arbres par an, la ville mettrait 100 ans pour traiter chaque frêne.
Deuxièmement, les coordonnées GPS du Garmin étaient souvent erronées. L’emplacement d’un arbre pouvait être décalé de plusieurs mètres allant même parfois jusqu’à 15 mètres. Dans le meilleur des cas, soit dans les zones résidentielles, l’arbre pouvait apparaître du mauvais côté de la rue. Dans le pire des cas, soit dans les secteurs fortement boisés comme le mont Royal, on ne pouvait distinguer un frêne des autres arbres environnants.
« Quand il y a une adresse, c’est possible de rattacher l’arbre à cette adresse, » mentionne Pilote. « Mais dans une forêt où il y a des milliers de frênes, l’équipe de foresterie devait saisir la localisation GPS de chaque arbre afin de s’assurer de pouvoir le retrouver. »
Sans la possibilité de retourner à un arbre en toute confiance, la ville ne pouvait savoir quels arbres elle avait traités ou non.
De plus, les transcriptions manuscrites engendraient des coûts supplémentaires. Les arbres recevaient une quantité de pesticide proportionnelle à leur diamètre, ce qui correspondait aussi à la façon dont les entrepreneurs étaient payés. En raison d’erreurs de transcription des notes manuscrites au SIG, les diamètres ont souvent été mal interprétés, ce qui a entraîné une utilisation excessive des pesticides et des versements en trop à des entrepreneurs ou vice versa.
Afin de traiter efficacement l’agrile du frêne et de prévenir la propagation et la mort des arbres, Montréal avait besoin d’un flux de travail plus perfectionné qui éliminerait les erreurs, augmenterait la précision de l’emplacement des arbres et qui permettrait de traiter au TreeAzin plus d’arbres par année.
« Il y a deux ans, nous avons opté pour le Arrow qui est beaucoup plus précis que le Garmin. Maintenant, nous sommes assurés de retourner au même arbre, à l’endroit précis. »
– Daniel Pilote, Technicien en foresterie, ville de Montréal
La solution: Traitement de pesticide avec Collector et le Arrow 100 sur iPad
Montreal a changé pour un flux de travail SIG mobile sur Collector for ArcGIS et iPad
En 2015, Montréal a déployé des iPad sur le terrain avec Collector for ArcGIS de Esri. La collecte de données en temps réel, du terrain au bureau, a du coup normalisé les méthodes de saisie de données, éliminé les erreurs de transcription coûteuses et accru la productivité du travail de terrain. Mais la précision de l’inventaire des arbres n’était toujours pas à la hauteur.
Conscient que Collector pouvait travailler avec des appareils GPS / GNSS plus avancés, Pilote a acheté les récepteurs Arrow 100 de Eos Systèmes de Positionnement® (Eos). Eos est un fabricant canadien de récepteurs GNSS situé à Terrebonne, en banlieue de Montréal. C’est aussi un partenaire Argent de Esri Canada et un partenaire ArcGIS Online Specialty. Le récepteur GNSS Arrow 100, conçu avec les forestiers en tête, utilise le système de correction par satellites gratuit WAAS afin de fournir des données de localisation de haute précision en temps réel à Collector roulant sur iPad.
Dans les zones résidentielles, les données de localisation des arbres saisies ont une précision d’envrion 50 cm. L’équipe de foresterie est donc confiante de pouvoir retrouver et traiter le bon arbre.
Cette combinaison a finalement permis à la ville de fournir une mise à jour très précise, fiable, submétrique et en temps réel au SIG de l’inventaire des arbres du département.
Avec ce niveau de rapidité et de précision, la ville a été en mesure d’augmenter la précision de son inventaire, d’améliorer le rythme du travail sur le terrain et de traiter chaque arbre en toute confiance en se basant sur des mesures de diamètre et de localisation très précises. Avec une précision métrique ou submétrique de l’emplacement de chaque frêne, les équipes de terrain peuvent maintenant inventorier, mesurer, traiter et retourner à chacun des 50 000 frênes publics, et ce, en une fraction du temps de l’ancien flux de travail.
Cette nouvelle solution fournit en moyenne une exactitude d’une fiabilité de :
- 1-2 mètre dans un canyon urbain
- 1-1,5 mètre dans les zones boisées
« Avec Collector et les Arrow, nous pouvons presque éliminer toutes les erreurs sur le terrain » a déclaré M. Pilote.
Les points et attributs des arbres, tels que le diamètre, sont transférés en temps réel du iPad au PC avec ArcGIS Online.
Les résultats : 6300 % plus efficace avec les Arrow, Collector et les iPad
Montréal a pu augmenter son efficacité en matière de pesticides de plus de 6000% grâce à un flux de travail GIS mobile de haute précision
En seulement quelques années, Montréal est passé de 500 arbres traités en 2011, à 32 000 en 2017. C’est une augmentation de 6300%. Aujourd’hui, la ville possède 13 récepteurs Arrow 100 sur le terrain. Grâce à la facilité d’utilisation de cette technologie la ville est en mesure de fournir à sa main-d’œuvre saisonnière des outils de collecte de données fiables, précis et facile à utiliser.
« La rapidité que nous procure une solution basée sur le cloud nous a permis de gagner en efficacité tant en matière d’inspection que de traitement. » a affirmé Pilote. C’est très efficace, avec la tablette et le Arrow, de prendre soin de chaque arbre, à son emplacement exact.
Les arbres qui doivent être traités sont marqués en bleu pour les années impaires et en vert pour les années paires.
« Le traitement est bon pour deux ans, alors nous traitons la moitié des arbres une année, et l’autre moitié l’année suivante » a dit Pilote.
Pendant ce temps, les arbres les plus touchés sont destinés à être abattus et reboisés avec de jeunes arbres résistants que l’agrile du frêne n’attaquera pas.
En comparaison, abattre un arbre peut coûter entre 1000 $ et 5000 $, tandis que le traiter n’en coûte qu’entre 150 $ et 300 $. Non seulement traiter les arbres permet à la ville de sauver ses paysages emblématiques mais cela permet aussi de sauver des montants substantiels de son budget annuel.
Daniel Pilote saisit les attributs des frênes à l’aide d’un Arrow 100, de Collector et d’un iPad
La ville s’attend à un reboisement complet d’ici les deux prochaines décennies. En 2017 seulement, 5000 frênes ont été remplacés par une des plus de 100 espèces alternatives durables. L’équipe de foresterie identifie de façon sélective les frênes à remplacer, ce qui assure un processus de reboisement à long terme qui, au cours des décennies, remplacera éventuellement tous les frênes vulnérables par des alternatives résistantes.
Aujourd’hui, Montréal peut traiter tous les frênes des terrains publics. Elle offre aussi un soutien aux résidents qui possèdent des frênes sur leur terrain, fournissant des ressources pour traiter et/ou couper et reboiser leurs arbres ainsi que pour se débarrasser du bois infecté.
D’ici les 30 prochaines années, chaque frêne de l’île de Montréal sera remplacé par une alternative durable. La portée à long terme du projet permet à la ville de reboiser de façon durable, écologique et à moindre coût tout son inventaire de frênes. La substitution progressive permet à Montréal de réduire les coûts qu’aurait entraîné la coupe des 50 000 arbres d’un seul coup.
Pour le moment, la ville continue à combattre l’agrile du frêne un arbre à la fois. Elle investit aussi dans un plan de production d’arbres de remplacement à la pépinière municipale et établit un plan de protection à long terme pour l’ensemble de ses 200 000 frênes, qu’ils soient sur des terrains privés ou publics. Elle réévalue également sa stratégie d’élimination du bois infecté tué pendant la lutte contre l’agrile du frêne.
Bien que l’agrile du frêne ne puisse être éradiqué, Pilote a bon espoir qu’une solution écologique puisse être découverte avant que le projet de reboisement ne soit complété. « J’ai espoir que cela se produise. »